DOUCE-AMÈRE

13 Juillet 2017, 00:19

En 2005 je suis allé en Chine durant le mois d’août. J'ai filmé. Depuis longtemps l'activité principale de mes vacances consiste à filmer et mes films sont comme mes vacances : pas de planning, une organisation minimale et un budget limité. Au moins ça permet d'être capable de réagir à ce qui arrive et d'avoir l'intuition pour moteur. Et puis ça tombe bien :puisqu'en Chine je ne comprenais rien, je devais user de mes sens plus que de mon intelligence. Je serai un peu innocent pendant ce voyage, trimballé à gauche et à droite sans trop savoir, maîtrisant à peu près rien, mais ouvrant bien mes yeux et mes oreilles.

C'est un peu ce que raconte En Chine qui est le journal filmé de mon voyage. Mais parmi les images tournées cet été-là, il en était qui renvoyaient à des sentiments orphelins, à des perceptions et des affects qu'il était difficile d'intégrer dans une histoire. C'est cette ensemble qui forme la matière de Douce-amère.

Douce-amère est le nom d'une sauce assez proche de la sauce aigre-douce mais dans laquelle le vinaigre est remplacé par des zestes d'agrumes. Mais c'est le même principe qui consiste à mélanger des saveurs opposées pour en tirer un goût inédit sur la langue qui agit simultanément sur les récepteurs du sucré et de l'amer. Alors, à force de manger dans des bons restos chinois je m'étais mis à envisager la possibilité d'un mélange d'images à la manière de cette cuisine. La douce-amère est aussi une plante toxique, mais rien à voir.

Bon, c'est le principe de ce film qui viendra après beaucoup de travail : superposer une image à son négatif traité selon divers procédés, comme on associe deux goûts opposés, l'amertume et le sucré. Le résultat est parfois assez proche de la solarisation où certaines valeurs sont localement inversées ou modifiées. Parfois les surimpressions produisent des couleurs brillantes qui me font penser à la soie des robes chinoises. Vous verrez.

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