HAIKUS
L'origine de mes haïkus n'est pas japonaise, elle serait plutôt brésilienne si je me souviens bien. Il y a encore aujourd'hui un festival du film de une minute au Brésil auquel j'avais envoyé, à la fin des années 70, des petits films tournés en 16mm. Le format était original, il ne correspondait à rien de ce qui se montrait alors et j'aimais l'idée d'envoyer un colis improbable pour un festival qui l'était tout autant. Et puis, comme je n'ai jamais rien vu revenir, ni récompense, ni info sur le festival, que dalle, même pas les films, je me suis lassé. Mais est resté ce goût du très court en images, que je ne suis pas le seul à avoir rapproché de la fulgurance poétique des haïkus.
Si les Haikus japonais sont réglés de manière rigoureuse, les miens n'ont qu'une contrainte de durée -environ une minute- et je n'ai jamais envisagé de les réaliser en suivant une stricte équivalence avec la forme poétique. Ils ont cependant gardé ce qui est sans doute l'aspect le plus important du haïku : l'expression concise d'un instant qui reste, en l'absence de celui qui l'a éprouvé. C'est tout du moins ainsi que j'envisage les miens.
Si j'ai nommé ces très courts des haïkus, c'est aussi parce que je m'y suis remis en revenant du Japon, c'est à dire à partir de 1997. J'en ai réalisé une petite centaine et il s'agit ici d'une sélection.
Le premier pourrait s'écrire ainsi :
Paris, un matin
La ville s'entortille,
Comme elle est belle.